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 Le cas Memento

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Pyrolyse
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Pyrolyse


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Le cas Memento Empty
MessageSujet: Le cas Memento   Le cas Memento EmptySam 12 Aoû - 20:37

Le 19 juillet 2006


Le Pr Abigail Faraday pinça les lèvres, ce qui rendit sa bouche un peu plus sévère et son air un peu plus revêche qu'ils ne l'étaient au naturel. Elle n'aimait pas du tout ce qu'elle lisait. L'ordinateur avait craché une série de données compilant des résultats d'analyses; l'ensemble formait un tableau parfaitement incompréhensible pour le néophyte mais c'était lui qui déplaisait si fort à Faraday. De son stylo, elle tapotait l'écran distraitement comme si, par un coup de baguette magique, un chiffre allait se modifier ou une courbe s'infléchir.

Résignée, elle finit par hausser les épaules et elle saisit le combiné téléphonique.

----------

« Ca n'a pas l'air d'avancer bien vite, vos travaux.
- Mes travaux ?
- Les travaux, si vous préférez ..., corrigea Peterson avec humeur pour cacher le sourire qu'elle sentait poindre au spectacle du visage offusqué d'Herbert Moore.
- Nous rencontrons quelques difficultés techniques mais c'est toujours comme ça: il y a des imprévus dans ce genre d'entreprise.
- Eh bien, c'est dommage. Le crime organisé et le terrorisme international attendront certainement que nous soyons fins prêts pour mettre leurs plans à exécution, j'imagine ...
- Oui, bien sûr, je comprends ... Je vais mettre un coup de vis aux gars pour qu'ils accélèrent le mouvement.
- Vous avez des idées brillantes, Moore. »

La partie était facile pour Peterson: le chef du service technique du S.O.S. était toujours mal à l'aise en sa présence, avant même qu'elle ait parlé. Dans ces circonstances, il ressemblait à quelqu'un qui s'est découvert de son chapeau et le fait tourner nerveusement entre ses mains. Malgré le peu de résistance qu'offrait cette proie à son appétit, Peterson semblait se régaler: elle avait quelque chose d'un imposant félin, ce que soulignaient son sourire cruel à la blancheur impeccable et ses ongles soignés et peints qui égratignaient le sous-main en cuir vert couvrant le bureau. Prescott, qui se tenait un peu à l'écart, intervint opportunément.

« C'est que ces dispositifs sont très délicats, pas vrai Moore ? Il ne s'agirait pas qu'un de nos agents se désintègre au lieu de se téléporter.
- Vous dites vrai, Prescott ! Et on ne peut pas dire que ces requins de la Hero Corps aient été pleinement coopératifs: il y a bon nombre de réglages fins de leur téléporteur que nous devons effectuer nous-mêmes.
- Parfait, parfait ... Et vous êtes content de l'équipe technique que vous a envoyée le Secrétariat à la Défense ?
- Bosseurs, savants et bons camarades. Y a rien à redire. »

Prescott se tourna légèrement vers son supérieur hiérarchique en souriant. Moore était de nouveau à elle, semblait-il dire, mais, entre temps, le jeu cruel de Peterson avait perdu de son sens. Elle avait parfaitement compris la manoeuvre et elle lança un regard lourd de reproches à son adjoint qui eut, en retour, un air faussement surpris.

« Bien, merci Mr Moore. Tenez-nous au courant de l'avancée de vos travaux et tâchez de respecter les délais.
- Bien, madame. Au revoir. »

Visiblement soulagé, Moore sortit du bureau de Peterson.

« Dites-moi, Prescott ..., commença-t-elle avant que le téléphone ne se mette à sonner. Allô ?
- Amanda, nous avons un problème.
- Ah bon, mais de quoi s'agit-il, ma chère ?
- De Memento ... Je passe immédiatement vous expliquer.
- Entendu. »

Peterson raccrocha et regarda son adjoint.

« On n'aura donc que des problèmes avec celui-là ...
- Memento ?
- Tout juste. Rappelez-moi qui a insisté pour qu'il soit intégré dans nos rangs ?
- C'est vous, je crois.
- Et vous avez raison ... »

----------

« Il va falloir que vous nous expliquiez tout cela, Abigail, vous vous en doutez.
- Evidemment ! »

Le Pr Faraday était venu avec un dossier succint dont le contenu était maintenant étalé sur la petite table ronde du bureau de Peterson.

« Voyez-vous, commença la scientifique à l'intention de Peterson et son adjoint, tout notre problème pourrait être grossièrement résumé par ce que montre ce graphique.
La courbe bleue que vous voyez là représente l'évolution mutagénétique attendue chez le sujet. Inutile de vous expliquer comment cela se calcule. C'est un indicateur complexe qui synthétise ...
- Vous alliez nous parler de la courbe rouge, ma chère.
- Hum, oui. Elle représente l'évolution mutagénétique constatée et les projections que l'on peut en tirer pour l'avenir. Vous voyez bien que, pour le cas du sujet qui nous intéresse ...
- Memento, donc.
- Oui, le sujet. Eh bien, dans son cas, la courbe rouge dépasse toujours la bleue mais cela n'a en soi aucun intérêt.
- Cela pourrait même apparaître comme une bonne nouvelle, glissa Prescott.
- Ce qui n'est pas du tout une bonne nouvelle, c'est que cette courbe rouge dépasse à chaque fois la courbe bleue dans des proportions qu'on n'avait pas pu prédire sur la base de l'évolution antérieure.
- Autrement dit ...
- Autrement dit, l'évolution mutagénétique du sujet est hors de tout contrôle ou, du moins, nos prévisions comportent des marges d'erreur scientifiquement inacceptables.
- Mais c'est là un problème scientifique, ma chère, et je ne sais pas si ...
- Vous n'y êtes pas du tout! », siffla sèchement Faraday. Etre ainsi interrompue aurait mis Peterson dans une rage noire si n'importe qui d'autre que la biologiste s'y était aventuré. Elle se contenta ici de lui faire signe de poursuivre.

« Je suis en train de vous dire que le sujet « Memento » développe en ce moment dans ses gènes des capacités dont nous ignorons tout, que nous ne pouvons prévoir avec une certitude raisonnable et qui, de ce fait, mettent en danger le contrôle que nous exerçons à son égard et la sécurité du Service qui en découle.
Mais il y a plus grave !, ajouta Faraday en levant en l'air son stylo comme pour arrêter toute réaction prématurée. Cela n'est pas très étonnant, d'ailleurs, d'un point de vue biologique: il y a à ce propos une abondante littérature ...
- ... que nous n'aurons pas le temps de lire. Livrez-nous donc vos conclusions.
- Le sujet est devenu un mutant de classe C, appelé aussi « mutant déviant continu ». Autrement dit, sa "configuration génétique" change elle-même. Ou si vous préférez, puisque vous n'avez pas l'air de comprendre, son identité génétique, plutôt que de rester fixe, quoique mutante par rapport à celle des humains normaux, est prise elle-même dans un processus de changement. C'est la raison de fond qui explique le graphique que je vous décrivais tout à l'heure.
Une des implications éminemment importante de ce fait, c'est que la "signature" génétique des ondes mentales du sujet est en train de changer or, si elle change, vous voyez ce que cela signifie ...
- Que les implants cérébraux qui nous protègent de sa domination mentale ne sont pas plus utiles qu'un parapluie contre une avalanche », dit sombrement Peterson, et avant que Faraday ne puisse élaborer le scénario d'autres catastrophes à venir, elle enchaîna.
« Prescott, dans combien de temps est mon avion pour Washington ?
- Dans une heure, madame.
- Bon. Vous convoquez une réunion du Conseil Opérationnel pour demain, à mon retour. En attendant, ma chère, vous nous ferez un rapport clair et succint sur le sujet.
- Bien, madame. »
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Pyrolyse
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Pyrolyse


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MessageSujet: Re: Le cas Memento   Le cas Memento EmptyVen 18 Aoû - 1:59

Le 20 juillet 2006, l'après-midi, salle de réunion

Le lieutenant Warren Mills était un homme qui n'avait pas encore atteint la quarantaine. Grand, élancé mais athlétique, les tempes déjà légèrement grisonnantes, il se signalait par une sorte d'élégance britannique que venaient souligner une fin moustache et des uniformes toujours impeccablement repassés. Il était discret, efficace et apprécié des soldats du service.
La ressemblance avec le lieutenant Daugelis ne sautait pas d'emblée aux yeux: Mills était brun, avait les yeux sombres et la peau mate tandis que le Balte était pâle et que ses yeux bleu acier glaçaient celui qui les croisait. Ils avaient cependant à peu près le même genre de physionomie: Daugelis était seulement un peu plus grand mais aussi plus sec, plus anguleux.
C'était surtout pour leur caractère qu'on les rapprochait. Militaires de carrière, ils avaient acquis, dans les services secrets, une certaine retenue, une distance avec le monde et un goût pour le silence qui les unissaient – à moins qu'ils n'aient toujours été ainsi. Mills était toutefois plus diplomate, plus suave, moins cassant et calculateur que son cadet. Daugelis était un homme de terrain; Mills un homme de l'ombre. Les deux hommes s'entendaient fort bien. Ils n'avaient l'occasion de s'affronter que lors de leur rituelle partie d'échecs qui les plongeait tous deux dans une même méditation soucieuse et barrait leur front du même pli.

Le Pr Faraday terminait son rapport.

« ... pronostic très réservé sur le devenir des mutants de classe C. Ce type de mutation continue n'est pas viable à moyen terme. On peut grossièrement dire que l'organisme "s'emballe" et que ses possibilités de "restructuration" ne sont tout de même pas inifinies ... »

Mills souria discrètement. Faraday ne pouvait s'empêcher de marquer dans son propos à quel point elle s'adressait à des non-initiés qui n'entendaient rien à la Science et qui la contraignaient à vulgariser ses idées et à employer des images plutôt que des concepts. Elle n'épargnait jamais à ses auditeurs les guillements qui entouraient prudemment les mots communs comme on prend une chose dégoûtante avec des pincettes.

« Reste qu'on ne va certainement pas attendre que son organisme lâche pour se prémunir du danger que Memento fait courir à ce service, soupira Peterson. Lieutenant Daugelis, qu'en pensez-vous ?
- Evidemment, le plus simple serait de se séparer de cet agent et de le renvoyer dans un pénitencier ...
- Depuis le temps que vous le demandez ...
- Madame, Memento n'a pas attendu de devenir un mutant de classe C pour être intrinsèquement incontrôlable et dangereux. Je n'ai pas besoin de rappeler ici l'entreprise d'empoisonnement dont Wish et lui sont à l'origine.
- Vous n'avez, en effet, pas besoin de le rappeler, coupa Peterson.
- Toutefois, je dois reconnaître qu'il n'est pas pour rien dans le succès de nos opérations. Ses capacités sont précieuses sur le terrain et elles sont maintenant intégrées à notre schéma tactique. De ce point de vue, le départ de Memento serait une perte assez rude d'autant qu'il faudrait le remplacer, ce qui demande un long temps de formation.
De plus, renvoyer un agent prisonnier serait du plus mauvais effet sur la motivation des autres: ils pourraient en conclure que nous écartons Memento pour ne pas avoir à le libérer au terme de son service parmi nous, contrairement à l'engagement pris. »

Mills remarqua que Prescott, l'assistant de Peterson, baissa un peu plus sa tête vers ses notes.

« Quelle que soit la décision prise, conclut Daugelis, il faudra qu'elle le soit avec prudence en en pesant bien toutes les conséquences. Aucune n'est parfaitement bonne.
- Eh bien, on ne peut pas dire que votre avis nous éclaire beaucoup, lieutenant, dit Peterson avec humeur.
- C'est à vous que la décision revient, pas à moi.
- Croyez bien que je ne l'ai pas perdu de vue un seul instant. Je vous demandais seulement votre avis.
- Si vous permettez, j'ai peut-être une solution à notre problème, avança Herbert Moore timidement. »

Mills, comme tous les autres, tourna la tête vers le chef du service technique. On n'attendait pas, ordinairement, des solutions venant de sa part ...


Le soir, salle de repos

La dépendance du lieutenant Daugelis à la cigarette n'était un secret pour personne. Mills ne se permettait de fumer un cigare que rarement. C'était le cas ce soir: l'arôme du tabac se mariait bien avec le whisky écossais qu'il dégustait. Quoique Daugelis semblât imperméable aux raffinements de l'amateur de whisky, il avait accepté un verre qu'il buvait à petits traits. La nuit était tombée sur Paragon City; l'éclairage automatique du quartier général avait diminué d'intensité pour simuler ce cycle naturel. La plupart des hommes étaient déjà couchés tandis que les deux officiers discutaient, confortablement installés dans des fauteuils club.

« Qui aurait pu croire que Moore nous sortirait de cet embarras ?
- Vous le sous-estimez, Warren.
- Vous croyez ?
- C'est un homme très à son aise dans ce qui le concerne. On peut compter sur lui.
- Je ne le nie pas mais avouez que le plus souvent, il ne semble se préoccuper que de ses machines et négliger qu'il y a ici des hommes qui travaillent et un but à leur travail.
- Ce n'est qu'une apparence, vous ne voyez pas assez loin.
- Peut-être ... peut-être ... mais vous croyez vraiment qu'il va réussir ?
- A quoi ?
- A concevoir ce qu'il nous a décrit.
- Non seulement je le crois mais je compte fermement là-dessus: la perspective que nous soyons à la merci des pouvoirs mentaux de Memento ...
- ... n'a rien de réjouissant, c'est certain. Vous pourriez vous en sortir face à lui, le cas échéant ?
- Qui peut le dire ? Tout dépend de la vitesse de réaction. Mais que vaut la vitesse de mes réflexes face à la vitesse de la pensée ?
- Vous le craignez ? »

Daugelis ne répondit pas immédiatement. Il avala un peu de whisky ambré.

« Je vais vous faire un aveu, Warren: je ne crains personne. »

Daugelis eut un de ses étranges sourires très froid. Mills ne parut pas troublé par cette confidence. C'est lui, ce soir, qui avait gagné; le roi blanc était couché sur l'échiquier près d'eux.

« Vous êtes une sorte de héros, dans le fond, Algirdas », fit Mills en portant son cigare à sa bouche.


Le soir, laboratoire

« Vous vouliez me voir, lieutenant Chapman ? »

Joan Chapman venait d'entrer dans le laboratoire des analyses biologiques. Elle portait encore sa blouse; elle avait l'air nerveux et mal à l'aise. Faraday remarqua seulement qu'on venait une nouvelle fois la déranger en plein travail. Elle consentit à quitter des yeux son écran d'ordinateur pour regarder le médecin qui venait de s'asseoir face à elle, de l'autre côté du bureau.

« Je voulais vous poser une question ...
- Faites.
- Pourquoi n'avez-vous pas parlé de l'influence de la Superadyne sur l'évolution mutagénétique de Memento dans votre rapport cet après-midi ?
- Parce que tout le monde s'en doute et que ce n'est pas ce qui nous préoccupe.
- En tant que scientifique, il me semble que vous n'avez pas livré grand chose des causes du phénomène que vous décriviez.
- Mais puisque je vous dis que tout le monde le sait. Et j'ajouterai même que tout le monde s'en moque !
- Pas moi !, dit Chapman avec force. Sur vos recomandations, sur la foi de vos recherches, nous avons administré à Memento des doses de Superadyne pour accélérer son processus de mutation et voilà à quoi nous aboutissons !
- Eh bien, ça n'a pas si mal marché !, fit Faraday avec morgue.
- Ca a tellement bien marché que la vie de Luke Ashwood-Carnegie ne tient qu'à un fil et qu'elle a devant elle cette alternative: l'enfer ou la mort.
- Vous êtes trop sentimentale, ma chère. Vous oubliez que vous parlez d'un criminel, que vous êtes un soldat et que vous servez l'Etat américain, pas la Croix-Rouge. Peut-être vous êtes-vous trompée de vocation, après tout ...
- Gardez vos « ma chère » pour Peterson, Faraday ! Je suis un soldat mais je suis aussi un médecin et à ce titre, je me préoccupe de la vie de tous les patients que l'on me confie, quelle que soit leur fonction, leur grade, leur casier judiciaire ! En l'occurence, le crime que je vois n'est pas du fait de Memento: il est du vôtre !
- Ne venez pas me jouer ici le coup des blanches mains: vous avez pleinement collaboré à ce programme d'accélération mutagénétique et vous venez aujourd'hui me faire la morale dans mon bureau, alors que j'ai du travail, parce vous vous sentez coupable, voilà tout !
- Vous n'aviez jamais parlé de ce risque d'emballement du processus ! Vous m'avez trompé, vous avez trompé tout le monde ici ou alors, par incompétence, vous n'avez aucunement mesuré le risque encouru.
- Vous vous trompez complètement, ma pauvre amie: le risque était parfaitement mesuré et je dirais même assumé. Et ce n'est pas moi qui l'ai assumé mais notre directrice, Peterson elle-même. Allez donc vous plaindre à elle des malheurs de votre cher patient et, pour l'instant, laissez-moi travailler en paix ! J'en ai assez entendu !
- Vous ne vous en sortirez pas comme ça, Faraday, je vous le promets !
- Fermez la porte en partant ! »

Le claquement de la porte résonna longtemps aux oreilles du Pr Faraday. La colère faisait danser devant ses yeux les objets familiers du bureau.
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